[Science News] - Le café, l'agroforesterie et la reforestation augmentent la résilience climatique en R.D. Congo

ven. 13 déc.

Le Jardin botanique de Meise mène également des projets bien au-delà de nos frontières nationales. Cet article met en lumière deux projets en République démocratique du Congo : une plantation de café durable de 50 hectares, et un projet d'agroforesterie et de reforestation de 1500 hectares.  Les projets sont rendus possibles grâce au financement international pour le climat par le Gouvernement flamand. Les deux projets prennent en compte les enjeux du changement climatique et contribuent à offrir un avenir durable à la population locale.

Café Robusta à Yangambi

Dans le monde, il existe plus de 100 variétés de café sauvage, mais seulement deux sont utilisées pour préparer notre tasse de café : l'Arabica et le Robusta. Le chercheur Piet Stoffelen, coordinateur des projets café, travaille sur ce dernier : « Au Congo et plus particulièrement à Yangambi au centre du pays, on trouve du café Robusta à la fois sauvage et cultivé avec un fort potentiel inexploité en termes de culture et de qualité. C'est une bonne chose, car le café Arabica, plus populaire, est de plus en plus menacé par le changement climatique. Cela permet au Robusta de compenser le déclin de l'Arabica, d’autant plus que la demande mondiale de café ne cesse d’augmenter, tandis que l'offre est sous pression, en partie à cause du changement climatique. »

Le projet a démarré en 2020 et se poursuivra jusqu'à la fin de l'année 2024. D’ici là, la population locale aura planté 50 hectares de café dans des systèmes agroforestiers mixtes. Ceux-ci offrent de nombreux avantages, comme l’explique Piet : « Nous plantons le café en association avec d'autres cultures, comme les bananes, ainsi qu’avec des arbres. Durant les premières années, les bananiers fournissent de l'ombre aux caféiers et aux jeunes arbres, tout en produisant des bananes comme nourriture. Ainsi, les agriculteurs obtiennent un rendement avant que les caféiers ne portent leurs premières cerises de café et que les arbres fruitiers ne portent leurs fruits. L'ombre aide également à protéger les caféiers de la hausse des températures. Nous plantons également des espèces d'arbres locales qui abritent des chenilles, une source importante de protéines et une gourmandise pour la population locale. Ce mélange des cultures offre aux agriculteurs davantage de sécurité : si une culture échoue, ils peuvent compter sur une autre. Ainsi, la culture du Robusta peut aider la population locale à passer d'un système agricole non durable « sur brûlis » à un système agricole sédentaire, durable et résilient en termes de changement climatique. En outre, les caféiers et les arbres absorbent le CO2 de l'air, contribuant ainsi à atténuer les effets du changement climatique.

Ce projet a été rendu possible grâce à la participation active de la population locale et à l'aide de nos partenaires : KU Leuven, EFICO, R&SD, CIFOR et l'institut de recherche congolais INERA. Le Jardin botanique de Meise est ancré dans la région depuis plusieurs années, où il a développé un solide réseau. « À l'origine, nous avions prévu de créer des plantations de café en collaboration avec les agriculteurs locaux, ainsi que 10 hectares de champs expérimentaux. Mais à terme, des champs de démonstration sont également plantés dans une école technique, dans une ferme modèle et dans des champs écoles paysans. Ces initiatives permettent aux agriculteurs locaux de partager leurs connaissances et leur expertise. Nous développons également les infrastructures pour la transformation des cerises de café en café vert tout en optimalisant ce processus. Notre objectif est d'améliorer la qualité des grains de café, afin que les agriculteurs locaux puissent obtenir un meilleur prix pour leur produit. » Malgré les nombreux défis, le projet est un succès. La superficie initialement prévue pour les nouvelles plantations a été largement dépassée et la reprise de la culture du café Robusta a été choisie comme l'une des priorités d'un projet financé par l'Union Européenne dans la région. 


Reforestation autour du Parc national des Virunga

Depuis plus de 20 ans, l'insécurité et une situation socio-économique désastreuse ont conduit à un cycle de violence et de pauvreté dans l'est du Congo, affectant les communautés locales et menaçant l'avenir du Parc national des Virunga. La reprise de la guerre des rebelles du M23 en 2021 a aggravé la situation. Un million de personnes vivent dans des camps de réfugiés à Goma, et le Parc est constamment menacé par les conflits armés, le braconnage et l'exploitation forestière illégale.

Fort de son expérience antérieure en matière de conservation de la nature et de restauration de l'environnement en République démocratique du Congo, le Jardin botanique de Meise a lancé en 2020 le programme Clima Virunga, « Atténuation et adaptation au changement climatique autour du Parc national des Virunga ».

Ce programme de reforestation, financé par le Gouvernement flamand, est mis en œuvre en collaboration avec la Fondation Virunga, l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, les communautés locales et le Jardin botanique de Meise.

Grâce à ce programme, les employés de Clima Virunga et les communautés locales ont reboisé plus de 1500 hectares dédiés à la foresterie sociale et l'agroforesterie. Des espèces locales, à croissance rapide et des arbres agroforestiers ont été plantées répondant à plusieurs objectifs : fournir une production durable de bois de chauffage, restaurer les forêts naturelles et soutenir l’agroforesterie pour répondre aux besoins de la population.

Ce programme vise également à atténuer les effets du changement climatique en améliorant la gestion des ressources naturelles et en préservant la biodiversité exceptionnelle des Virunga. Il offre en outre une puissante impulsion à la création de puits de carbone tout en offrant aux communautés des moyens de subsistance alternatifs. 

« Après quatre ans de travail, nous avons eu un impact significatif : la communauté locale bénéficie de l'emploi et de l'amélioration des compétences techniques lors de la mise en œuvre et de la supervision du projet, améliorant ainsi les relations entre le Parc et la communauté », explique Justin Komayombi, responsable du groupe Kisigari.

Dans la région de Kisigari, le programme a reboisé 250 hectares de terres dégradées pour créer une forêt communautaire et tester le modèle de conservation. La plantation d'espèces locales, dont des arbres fruitiers forestiers, favorisera le retour de la faune sauvage, notamment des chimpanzés et autres primates. Ce processus de « réensauvagement » des forêts pourrait également permettre à la communauté de développer le tourisme une fois la guerre terminée.


Jardin botanique de Meise et R.D. Congo

« Le Jardin botanique de Meise est actif en Afrique centrale depuis de nombreuses années », explique Piet. « En plus de mener des recherches sur la biodiversité des plantes, des algues et des champignons, nous contribuons également au renforcement des capacités, à la réhabilitation des infrastructures et à la mise en œuvre de projets de développement durable. »